lundi 12 décembre 2016

On n'est pas sérieux quand on a 35 ans


On n’est pas sérieux quand on a 35 ans.
On n’est pas sérieux, on se jette dans un camion comme dans un feu pour aller jouer partout où on le pourra, de la musique, chez les riches et chez les pauvres, chez les gens accueillants, chez les gens qui s’en foutent mais on ne s’en fout pas, nous, on joue et les quatre ou quarante paires d’oreilles qui écoutent en auront eu pour leur bienveillance ou pour leur attention.
On n’est pas sérieux parce qu’on n’est pas les meilleurs pour vendre ni pour se vendre. Tout ce qu’on veut c’est jouer-de-la-musique, des concerts, des disques. Pourquoi ? « On commence à faire ressentir des trucs aux gens. » Pour ça.
On n’est pas sérieux parce qu’on s’épuise, qu’on rêve de s’écrouler tout doucement quelque part et qu’en même temps on rêve de repartir, remettre ça. On a nos vies et cette vie. On l’accepte et on apprend à accepter, comme ça, un peu plus de choses.
On n’est pas sérieux quand on connaît tous les triangles, toutes les salades, toutes les pasta box, toutes les aires, toutes les gares. On échoue chez les meilleures âmes, on compare les Formule 1, on discute avec l’immensité des travailleurs de ces lieux.
On n’est pas sérieux mais on vieillit alors on cherche parfois une soupe, un légume, on se ménage, on aménage le temps avec plus de volonté, plus d’expérience. Ou pas et ce n’est pas grave.
On n’est pas sérieux et on rencontre partout, tout le temps, ou parfois et juste en certains lieux, des gens avec lesquels la vie devient meilleure de leur humanité. On discute, on trépigne, on crée. On se souvient ou on oublie. On le sait. On saoûle ou on se saoûle ou les deux, on s’oublie dans la soirée ou on la regarde passer.
On n’est pas sérieux et on se chicane et on s’aime.
On n’est pas sérieux et on a raison.


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