lundi 20 juillet 2015

Premiers itinéraires brestois

Beaucoup de moments forts de course ces derniers jours, l’envie de les rendre dans ce journal mais sans précipitation, sans se jeter, sans sacrifier non plus à un minimum de recul en laissant l’enthousiasme béat régenter l’effort.
Avant d’aller plus loin, une pensée de ce matin, nourrie de bruine. À écrire ce journal avec la visée de le donner à lire, un écueil récurrent du diariste a semé le doute en moi, que j’ai examiné avant de l’écarter : on pourrait aussi se bien se mettre en scène. On pourrait développer et soigner son ego par l’écrin de l’écriture, toucher au moyen d’atermoiements choisis et de fausse humilité avant d’asséner le formidable de son être et de ses actes savamment mis en mots. Faut-il exposer le contrat que je me suis donné, à savoir que cette tentation me débecte ? Et en l’exposant, signaler qu’un tel contrat, si nécessaire, fait que cette tentation n’est finalement, peut-être, pas si éloignée ? Mais c’est écrire et donner à lire qu’il faudrait alors examiner, au-delà du jeu de soi et de la publication continue. Et c’est là un examen que je souhaite envisager plus loin dans l’expérience. Pour l’instant, le contrat et la suspension qu’il appelle me suffisent. J’envisagerai l’analyse dans un moment, avec plus d’expérience, avec plus d’éléments.

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Enfin, j’ai pris mes chaussures avec moi à Brest. Et enfin, j’ai couru deux fois ce week-end dans ce qui va devenir, en septembre prochain, ma nouvelle ville.
Julie travaillait samedi après-midi. Ayant prémédité la chose, je me fixai sur une sortie longue d’exploration dans le vallon du Stang Alar et alentours, que nous avions parcouru ensemble trois mois auparavant. Il m’était alors apparu riche d’histoires pour Julie de différentes époques de sa vie, des histoires que je ne pouvais que recueillir, écouter mais pas investir. Je proposai mes impressions premières, frappé par l’écho préhistorique des fougères arborescentes et de l’encaissement du vallon – un paysage « préhistorique », donc dinosaurien dans ce qui reste un schéma hérité de l’enfance, nourri au Journal de Mickey et quelques autres, est pour moi par essence encaissé. Et j’emportai  suite à cette balade la promesse intime de revenir y courir, d’y laisser des traces, de m’y complaire, frappé de la beauté du lieu.
Le temps de lacer mes chaussures samedi et la pluie s’est installée. J’ai couru, passé les cinq premières minutes d’acclimatation à l’humidité, avec un bonheur profond : retrouver le chemin du vallon, y humer ensuite l’humidité et savourer le faible taux de pollution, retrouver l’arborescence qui, en passant de la marche ensoleillée à la course pluvieuse, a fait un bond du Journal de Mickey à un Jurassic Park pas moins évocateur. En descendant, j’ai vite rejoint le port du Moulin Blanc, parcouru d’un bout à l’autre avant de remonter au-dessus du parc du vallon, redescendu une nouvelle fois dans une euphorie certaine, avant enfin le retour appelé par la raison. On avait ouvert la cage du hamster coincé au parc Longchamp.
Retour synchrone avec Julie avant de rejoindre ses amis pour une agréable soirée à parler entre autres de typographie. On ne se refait pas.

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Ce matin, sortie en direction du pont Albert Loupe, au-dessus de la rade, conseillée par la sœur de Julie. L’après-midi et la soirée d’hier se sont en effet déroulés en famille, entre une belle exposition Giacometti à Landerneau et une soirée à parler de la Grèce, de Heidegger et de Gunther Grass. On ne se refait décidément pas. La mère de Julie m’a signalé l’intérêt qu’elle prenait à la lecture du présent journal et je n’ai pas trop su lui répondre, ce à quoi je m’attendais. Je ne sais jamais trop quoi répondre quand on me parle de quelque chose que je fais ou que j’ai fait, à moins de me concentrer sur les détails d’ordre technique. Peu à l’aise avec les articulations d’ensemble, c’est là un effet récurrent de ma manière de me concentrer sur les choses.
Et ce matin donc, j’y repensais un peu en découvrant enfin le pont caché par la bruine tenace.

Comment peut-on s’ennuyer en courant ?

*

Cet après-midi, nous allons au cinéma.


vendredi 17 juillet 2015

Trois visages


Trois visages se sont serrés
Longtemps
Sous la neige.

L'un devait s'en aller,
Trois autres l'ont accueilli, connaissant déjà son livre par le cœur.

Les visages sont des livres qui savent lire,
Précieux,
Des gemmes à la beauté digne,
Mais fragiles.
Et toujours, quand un visage vous regarde,
Il faut
Savoir
Le regarder
Et lui sourire.

22 avril 2014.

jeudi 16 juillet 2015

De l'écriture et du bon usage


Ce qui doit être écrit n'est pas donné.
On n'a pas pensé à me délivrer de mode d'emploi quand je me suis manifesté, quand j'ai toqué à la porte du « je pousse des mots les uns derrière les autres en les inscrivant de façon à ce qu'ils ne bougent – a priori – plus, pour en faire usage, pour créer des usages ».
Non, on a oublié.

Je défriche donc, je demande peu d'avis parce que ce n'est pas mon genre sur ce qui doit ou devrait être fait. Les retours, parcimonieux, sont précieux car après. Mais j'ignore si les avis, conseils, peuvent donner s'ils sont préliminaires quelque chose à l'écriture qui la rende plus libre ou moins libre – dans le cadre d'un journal –, plus ou moins performatrice.

Il n'y a parfois que peu de hasard et je suis reparti de l'Alcazar, alors que je voulais surtout un peu de bande dessinée et si possible du Baudoin, avec deux journaux en bande dessinée, un volume de Fabrice Neaud et l'autre de Julie Doucet. Baudouin, c'était pour le récit intriqué au dessin, c'était pour piquer l'âme avant les vacances et le périple que l'on va entreprendre avec Julie. L'an dernier en Italie et Slovénie, nous avons à peine laissé déborder nos dessins et nos textes les uns sur les autres. J'ai souvent gribouillé en voyage, une activité féconde, et j'ai hâte d'approfondir ce travail en miroir dans l'émulsion des idées, des échanges. Reprendre une claque de Baudoin, de sa précieuse humilité me semblait être une bonne idée avant de dévier sans préméditation ni hésitation vers le journal.

Derrière le choix de ces ouvrages, il y a l'interrogation de la forme et de la nourriture du présent journal qui ne cesse de m'échapper alors que je l'écris, qui ne cesse de bifurquer pour ne jamais se tenir là où je l'avais imaginé, entre le témoignage et le laboratoire. C'est pourtant ce qu'il est strictement, mais cette essence ne correspond pas à la perception que j'en ai. J'avais projeté, prévu une autre perception du moment de son écriture. Mais c'est aussi cette nécessaire inadéquation qui fait que cela peut valoir le coup de s'atteler à sa feuille ou à son clavier. Neaud et Doucet posent chacun à leur tour ces mêmes questions, sans y répondre autrement que par la liberté qu'ils se donnent.

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Deux fois j'ai couru ce week-end, sans mon frère car je sentais qu'il m'aurait accompagné surtout pour me faire plaisir. Du moins l'ai-je supposé, peut-être était-ce aussi pour ne pas culpabiliser d'y être allé à ma convenance, c'est-à-dire tôt le matin, quand la ville et Julie dorment encore. Et ainsi la deuxième séance, initialement dévolue aux fractionnés, m'a vu déployer une certaine énergie, comme s'il fallait que la sortie soit particulièrement dure pour se justifier.

Mais là encore, que raconter ? Laisser s'écouler la suite logique, la question habituelle : que suis-je prêt à laisser pour atteindre l'objectif fixé ? Quel inconfort suis-je capable d'assumer non pour moi, mais pour mes proches ? Je n'avais pas de scrupule à me lever tandis que le sommeil règne encore, jusqu'à réaliser que celui-ci me rattrape plus vite que les autres lorsque le soir s'installe.

*

Que raconter ? Signaler qu'en courant, quand parfois les jambes sont un peu plus lourdes, le souffle moins délié qu'on aurait voulu, on a recours comme un usage à certaine pensée, à certaine idée d'une fierté qu'on aurait su de celui qui n'est plus ? Et que cela se fait dans une concentration qui s'est facilement ritualisée, qu'on ne dilapide pas, passant aussi par des gestes précis ? Et que pour autant, on a la certitude de ne faire cela que pour soi, qu'il ne s'agit que d'une aide que l'on se donne, d'un usage possible du deuil dans les phases plus difficiles du quotidien, dont la préparation d'un marathon fait désormais partie ?

*

Voilà certainement quelque chose que permet le journal, préparer les mots pour dire plus simplement les choses, de tout ordre.

En accompagnement, d'autres mots à usage, ceux d'Angel Olsen. Il faut savoir mettre une grosse ambiance par cette chaleur.





vendredi 10 juillet 2015

Condescendance


À force de peu on parvient à se sentir exister sur une quantité de modes effrayante.

Ce matin, j'ai étrenné avec une séance d'une heure et dix minutes ma nouvelle paire de chaussures. La précédente paire, par son usure, commençait à éprouver trop sérieusement mon genou pour éviter l'investissement. Ma famille et Julie arrivant demain, je savais que la fin de semaine, à l'exception d'une petite sortie avec mon frère, sera trop remplie pour que je puisse y caler du travail réel.
J'ai donc couru ce matin à mon heure habituelle, à peine plus tôt peut-être parce qu'il fait encore chaud ces jours et que le bouclage en cours supposait une arrivée matinale au bureau. Les chaussures ont fait le job, habituelles Asics. Et je me suis pris à réfléchir à certains réflexes que j'imagine répandus chez le coureur de fond.

Avec des chaussures neuves, on a toujours l'impression de passer pour un débutant. C'est idiot et fugace, mais humain. Et pour se rassurer lors de ce bref moment, on cherche sur soi tous les signes extérieurs susceptibles de contredire la supposée impression donnée par ce matériel neuf : silhouette, allure, reste du matériel, durée de la sortie. Et très vite on oublie cette hésitation. J'écris « on » parce que dans la panoplie ainsi déployée, j'inclus aussi l'idée que ce doute est partagé par la majorité et qu'ainsi il devient plus bénin, d'autant plus maitrisable. En réalité je n'en sais rien, mais je tiens à l'imaginer : je me sens suffisamment idiot avec ce genre de réflexe pour ne pas espérer qu'il soit partagé.

En courant, on se fout de ce que l'autre pense. Vraiment. On est seul, on court et si on le fait pour l'une ou plusieurs des bonnes raisons que je reconnais – il y en a aussi de mauvaises –, on est majoritairement baigné dans une expérience sensuelle et intellectuelle d'une densité excluant le concept d'apparence comme celui de jugement – du moins peut-on le viser.
Mais je crains que cela ne soit plus complexe.
À chaque foulée croisée se lance automatiquement un appareil d'analyse qui à l'aide d'indices strictement empiriques, va donner une idée du coureur que l'on croise. La silhouette par le rapport entre masse graisseuse et muscle, l'âge, la présence ou non d'écouteurs, des clés sonores ou étouffées, des enjambées trop grandes, la durée de la présence laissant supposer la durée générale de la sortie, des exercices fonctionnels ou déraisonnables et, enfin, l'équipement : mettons, les chaussures neuves du débutant.
Cette idée, geste d'exercice de sa propre expérience, dès sa naissance et tant qu'elle occupe l'esprit jusqu'à ce que l'on passe à autre chose, oscille sur un fil.
D'abord, il y a les athlètes, que l'on contemple et dont on essaie de retenir en quelques secondes quelque chose, une inspiration ou une motivation, sinon un truc précis et applicable.
Et puis il y a les autres, dont on voudrait être aussi indifférent que des athlètes que l'on s'interdit de jalouser. Mais si, à l'égard des autres, le mouvement général tient dans un mélange de compassion et d'admiration, parfois se mêle une pointe réelle de condescendance qui m'agace et contre laquelle je lutte dès que je l'aperçois, même si la personne a vraiment très mal choisi ses chaussures – j'ai déjà vu un gars courir en sandale et se massacrer les pieds en vingt pénibles minutes –, court beaucoup trop vite, avec un k-way ou toute épaisseur superflue imaginable.
Tristesse et révolte se mêlent quand je vois quelqu'un se mettre des bâtons dans les roues et s'accrocher malgré tout avec courage, jusqu'à ce que ce soit vraiment trop dur. Mais l'une et l'autre, parfois, se voient accompagnées d'une pointe de, je ne vois pas comment appeler ça autrement, condescendance.

Sans doute, parce que jusqu'à ma poussée de croissance précoce, j'ai été perçu comme totalement incompétent en sport et donc cantonné au bas d'une échelle sociale cruciale de notre société, avant de compenser dans certaines disciplines et uniquement par certaines qualités dont l'endurance n'est pas la moindre, je me sens encore, parfois bien que de plus en plus rarement, illégitime dans l'univers sportif. Je ne dirais pas dans l'effort parce que la pratique du cyclisme et de la randonnée étaient des incontournables familiaux, mais je n'ai jamais appris les codes de la pratique sportive collective.
Ce sentiment d'illégitimité, s'évanouissant à mesure que je vieillis et que j'accomplis, a laissé une ombre qui nourrit les réflexes les moins logiques par un besoin, non de me motiver, mais de me rassurer dans ma démarche. Et je crains que ces bouffées éparses et heureusement courtes de condescendance ne soient parmi les reliques les plus tangibles de ma situation sportive première, en tant que rappel facile de ce qui a déjà été accompli.

Des nouvelles chaussures et on se flagelle sur un réflexe de trois secondes. La vie est bien faite.

*

Voilà une note usant et abusant d'italiques, écrite à la suite du bouclage d'un livre usant et abusant d'italiques. On est une éponge ou on ne l'est pas.

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Canicule = tension = Grails.


mardi 7 juillet 2015

Le Vide et le Plein


Pour de très bonnes raisons, je n'ai ni couru, ni écrit le week-end dernier, juste marché en compagnie de trois amis venus me rendre une belle visite à Marseille.

Hier matin, je me suis donné une séance de fartlek offensif lors de laquelle j'ai croisé une connaissance rencontrée à un atelier. Le salut furtif, la connivence de celui qui court et en croise un autre : tous deux respectent trop leur propre rythme pour déranger celui d'en face. On lève donc une main distante, sans agitation, sans rompre le cours des foulées.
Aujourd'hui, réveillé bien avant la sonnerie programmée, je suis allé tôt au bureau pour tenter de sauver la fin de semaine vouée à l'accueil de ma famille croisée avec la visite de Julie. Sorti tard, la frustration d'avoir donné mes mots à d'autres, sans avoir pu choisir ces derniers, plutôt que d'en disposer pour moi-même – une frustration récurrente dans mon travail –, a nourri celle de mon corps supportant mal l'immobilité contrainte.
Demain donc, malgré une autre journée longue, j'irai m'éveiller en courant.

Ainsi j'avance, à digérer ce qui peut faire tourner en rond.

*

Il y a une réelle frustration à ne pas courir ni écrire et d'avoir lié ces deux activités dans ce journal m'est encore difficile à analyser ou décrire.
L'esprit très occupé de Julie, d'importantes signatures dans les affaires de ma famille, de ma démission formalisée aujourd'hui même, des événements historiques que le peuple grec porte, je me contente pour l'instant d'observer que malgré tout, je n'abolis aucune organisation de la course ni de l'écriture. Ni l'une ni l'autre, bien qu'en second plan souvent – c'est nécessaire –, ne disparaît.

Comme je le crois je l'ai écrit en ouvrant ce journal, les deux me sont constitutives, essentielles de longue date. Mais leur lien décidé ouvre un jeu autre.
Des attentions inédites font leur apparition en courant, tenant à la nourriture de l'écriture mais aussi à sa digestion. L'écriture elle est plus opaque dans ses changements actuels.
Elle est, de manière générale, souvent plus opaque que quoi que ce soit, la déchirure de cette opacité et dans le même geste sa création pouvant d'un certain point de vue illustrer son mouvement, son énergie. Mais selon d'autres perspectives, son acte même, que l'on n'ose réduire, dont on n'ose suspendre la polysémie et l'orientation multiple, ou floue, ou variable, cet acte tangible se considère en des termes que je ne parviens à saisir présentement. Je tape sur mon clavier, reprend, retape encore, suis tenté d'effacer l'ensemble du paragraphe, ne le fais pas.
Je peine à articuler ce que je sais, ce que j'ai lu, avec ce que je tente de discerner, la nécessité d'un travail tenant l'epoché, tenant la déconstruction, un travail d'investigation technique pour lequel la fraîcheur des idées matinales serait plus indiqué. Et ainsi je me projette à nouveau demain matin, stigmatisant une fois de plus le crépuscule et la saturation du corps et de l'esprit qui l'accompagne, espérant pouvoir ensuite explorer d'une manière plus satisfaisante, mieux nourrie, la question dans une autre note de journal.

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Je n'ai toujours pas acheté de nouvelles chaussures et l'usure des semelles commence à agacer mon genou. Il va falloir solder, avant la fin de la semaine.

mercredi 1 juillet 2015

Paysages – 1


La chaleur nous écrase le jour, la nuit, mais dès hier je n'attendais que la libération de ce matin, partir au parc et courir.
Courir et transpirer abondamment. En cette aube d'été, les coureurs sont nombreux à guetter le semblant de fraîcheur des premières heures du jour. On n'est plus systématiquement doublé ou doublant ; parfois nos foulées s'accordent avec celles d'un compagnon provisoire pour une ou plusieurs centaines de mètres, le faible écart des rythmes respectifs rendant le dépassement plus long. Avec l'augmentation de cette probabilité, on retrouve d'autant plus souvent le plaisir d'écouter une autre respiration que la sienne, sur une plage de temps étendue. Sensible aux sons, j'y retrouve une expression crue du corps de l'autre, qui m'interpelle souvent autant que la silhouette, alors qu'il y aurait déjà tant à dire sur ce que l'on éprouve et conçoit en regardant un autre courir.
Mais l'écouter ouvre à d'autres propos : l'étagement complexe des sons qui se mêlent dans le paysage sonore trouve une porte d'entrée inédite. Ma propre respiration, par sa répétition et son aspect interne, se déréalise, se fait oublier. Elle retrouve une possibilité de se placer dans le tableau en côtoyant une congénère extérieure à elle, une autre qui lui permet de mieux se saisir. Le relief de cet ensemble que je décortique pourtant à chaque séance avec plaisir se trouve encore contrasté davantage, creusé par endroits et élevé à d'autres.

En ce moment, je ne cours qu'au parc Longchamp. Les lignes visuelles se répètent et la lumière intense de Marseille, peu sujette aux variations, aplanit sans doute la diversité des informations visuelles, saturées de similitudes. En courant sur des itinéraires plus longs, qu'ils soient urbains ou ruraux, j'ai souvent goûté la construction, la déconstruction et la reconstruction permanente des lignes tandis que je me donnais, avec mon mouvement, un paysage mouvant. Par la monotonie d'une boucle unique aux rares variations et à l'éclairage régulier, mon attention est moins requise par ce qui devient au fil des jours moins mobile, à l'exception des évolutions telles que le travail des jardiniers et ses résultats.
Les sons vivent une vie autre et dont les perspectives, dans le mouvement de la course, sont inépuisables.