mercredi 23 septembre 2015

Les anciennes traces

Il existe peu de possibilités de compiler les émotions avec autant d’efficacité qu’en se mettant la tête et le corps dans leurs propres histoires. Pour base, l’absorption géographique de ces derniers jours, pris dans les lieux et les itinéraires de Clermont-Ferrand. Pour corollaire, certaines difficultés passagères de concentration. Pour conséquence heureuse, la déprise de certains vieux dossiers auxquels il fallait me confronter.

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La sortie de ce mardi, d’une rare intensité à la fois pour la tête et les jambes, a permis de les rafraîchir. Depuis la maison familiale, celle où j’ai grandi à Beaumont, monter à la Chataigneraie. De là, monter à Ceyrat par Boisséjour. De là, monter par la côte de Manson en direction du circuit de Charade, jusqu’au parcours de santé. Soit une demi-heure d’ascension ininterrompue avant de redescendre, m’égarant dans les lotissements nouveaux et anciens, plus d’une heure finalement à courir sur ce qui était à l’adolescence le trajet par défaut de mes sorties à vélo, en solitaire ou avec mon frère, celles avec mon père impliquant plus de variété. Il est difficile de retracer avec précision les sensations, sinon que les perspectives furent riches, malgré des perceptions brouillées par la recherche de repères, de familiarités avec les lieux, les lumières, les perceptions, familiarités évanouies à mesure que les constructions et l’agglomération ont gagné sur la ceinture rurale immédiate.

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Il a fallu emprunter les anciennes rues, l’ancienne ligne de bus entouré des mêmes lycéens qu’il y a vingt ans, puis travailler en résidence sur une scène que je n’avais pas foulée depuis près de quatre ans. Les vieux dossiers donc. Et dans une paire d’heure tandis que j’écris, rejouer devant le public de cette salle, les vieilles connaissances, les visages scrutateurs, exigeants malgré la bienveillance que je veux leur supposer, une musique réclamant une concentration plus élevée que celle de mes passés. Et continuer à refuser de s’ennuyer, une fois de plus.

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