Il existe peu de possibilités de
compiler les émotions avec autant d’efficacité qu’en se mettant la tête et le corps
dans leurs propres histoires. Pour base, l’absorption géographique de ces
derniers jours, pris dans les lieux et les itinéraires de Clermont-Ferrand.
Pour corollaire, certaines difficultés passagères de concentration. Pour
conséquence heureuse, la déprise de certains vieux dossiers auxquels il fallait me
confronter.
*
La sortie de ce mardi, d’une rare
intensité à la fois pour la tête et les jambes, a permis de les
rafraîchir. Depuis la maison familiale, celle où j’ai grandi à Beaumont, monter
à la Chataigneraie. De là, monter à Ceyrat par Boisséjour. De là, monter
par la côte de Manson en direction du circuit de Charade, jusqu’au parcours de
santé. Soit une demi-heure d’ascension ininterrompue avant de redescendre, m’égarant
dans les lotissements nouveaux et anciens, plus d’une heure finalement à courir
sur ce qui était à l’adolescence le trajet par défaut de mes sorties à vélo, en
solitaire ou avec mon frère, celles avec mon père impliquant plus de variété. Il
est difficile de retracer avec précision les sensations, sinon que les
perspectives furent riches, malgré des perceptions brouillées par la recherche
de repères, de familiarités avec les lieux, les lumières, les perceptions,
familiarités évanouies à mesure que les constructions et l’agglomération ont
gagné sur la ceinture rurale immédiate.
*
Il a fallu emprunter les
anciennes rues, l’ancienne ligne de bus entouré des mêmes lycéens qu’il y a
vingt ans, puis travailler en résidence sur une scène que je n’avais pas foulée
depuis près de quatre ans. Les vieux dossiers donc. Et dans une paire d’heure
tandis que j’écris, rejouer devant le public de cette salle, les vieilles
connaissances, les visages scrutateurs, exigeants malgré la bienveillance que
je veux leur supposer, une musique réclamant une concentration plus élevée que
celle de mes passés. Et continuer à refuser de s’ennuyer, une fois de plus.
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