dimanche 10 janvier 2016

Du souffle sous les tempêtes


Tandis que le travail foncier se poursuit sous les intempéries – sorties d’une heure les matins, plus longues de loin en loin jusqu’à la paire d’heure –, nous nous trempons l’âme à la magnifique piscine du Relecq-Keruon. Un sentiment de forme physique réelle fait son retour après les fêtes, leurs lieux et leurs itinéraires pas tous évidents.
Dehors, les soubresauts de tempête avec lesquels il faut pactiser en acceptant une vie moins extérieure que la marseillaise. La contemplation, de fait, se tourne vers l’intérieur plus facilement et plutôt que de fuir le flux des émotions par l’agitation physique et sociale, je tâche de le laisser s’écouler dans son coin légitime, le couvant de l’œil sans trop le laisser m’absorber. La course à pied demeure une méditation en mouvement, une phénoménologie sportive. Simplement, soumise à des conditions climatiques particulières, elle s’abandonne moins à des sons et des images mêlés de vent et de pluie et plus au souffle, aux efforts. J’imagine qu’il s’agit là d’une phase de ma longue adaptation.

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Parfois, sans fréquence élevée, je me pose la question de ma capacité à courir un marathon au printemps, supposant le scepticisme et sa légitimité chez la plupart des gens que je côtoie. Mais ce sentiment ou point de vue, chez le prochain comme chez moi, n’est pas moins légitime que ma volonté d’accomplir ce qui est devenu un élément structurant et hygiénique. L’un et l’autre mouvement est normal. Mais il me semble que c’est en restant équilibré, ni trop pris de doute, ni dans l’excès de confiance dans ce qui n’existe pas encore, donc pas trop engagé ni dans l’un ni dans l’autre que je conserverai la plus grande efficacité.
Une certitude, après six mois sans cigarette – à trois près –, j’ai retrouvé du souffle pour le saxophone, du souffle pour courir, du souffle pour nager enfin une brasse propre, ce dont j’étais incapable à Marseille.

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En m’efforçant d’espérer des événements moins atterrants que ceux de l’année écoulée, je peuple l’oreille par deux expressionnistes cousins, Bowie avec son immense Blackstar et Julia Holter dont le Loud City Song n’en finit pas d’émerveiller nos murs.
Deleuze, « créer c’est résister », tout ça.
Les textes s’accumulent, s’empilent, s’emboîtent pour certains formant un autre texte, plus long, rétif, qui comme les autres ne se laisse pas dresser et donc me plaît, infusé de ce qui a pu se passer ici et se passe maintenant aussi en lui. Dans les marges, des dessins et dans l'air, rythmes, mélodies, nappes.
Des trames et des lignes.
Des chemins.


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