Mes pensées, depuis
l'ouverture de cette partie publique de mon activité de diariste,
tournent avec une intensité accrue autour de l'écriture.
Il s'écrit, parce que
journal voué à la préparation d'un marathon, à côté du reste.
Dès son idée, puis en le lançant – l'intervalle fut court entre
ces deux moments –, il se devait d'être différent de ce que je
reporte dans des carnets depuis des lustres maintenant, activité
scripturaire doublement nécessaire, à la fois hygiénique et
laboratoire.
Ce journal-ci n'est plus
le journal, il est ce journal. Pour moi, à chaque mot
proposé, l'enjeu en est différent. Il a une direction, ou du moins
un titre. Il est écrit pour être lu. Il demeure écriture investie
d'intimité, mais donnée à lire et donc relue par moi d'un œil
différent.
Dans le moment de
l'écriture première puis dans celui de l'écriture seconde, la
relecture, il appelle de ma part des gestes dont la nouveauté
m'interroge. Depuis que je poste, en m'efforçant de conserver une
forte part de premier jet, je succombe à la tentation de relire ce
qui a déjà été publié et d'en enlever les répétitions, les
lourdeurs, les étroitesses et les adverbes. En ce sens, j'ai du mal
à le reconnaître comme un journal.
Pourtant, c'en est un,
intitulé comme tel. Et l'espace que je lui permet de recherche dans
l'écriture, comme dans le présent post – qui tient plus de la
réflexion que de la recherche, d'ailleurs –, en fait un
laboratoire autre, inédit.
Sans doute est-ce cet
inconnu concret, en brouillant l'essentiel de mes repères diaristes,
qui me tient aussi alerte en ce début d'expérience, le fait de
sélectionner les informations et les mots, même si je le fais de la
façon la moins serrée possible.
*
Ce matin, sortie ludique
au lendemain de mon ultime concert avec Wrong Canadians. Ayant bu un
nombre rassurant de bières la veille et considérant la chaleur du
jour, j'avais prévu une séance courte à échauffement soigné pour
prévenir toute contracture de déshydraté, puis trot léger dans
les escaliers de Longchamp, montées et descentes, ce qui fut fait
dans une sudation intense.
J'ai ressorti du placard
– au sens propre – ma ceinture porte-bidon, dont je conservais un
souvenir de confort et que je voulais utiliser sur du court avant
d'en dépendre sur du long. L'intelligence de la conception de ce
truc acheté une bouchée de pain il y a des années m'a encore
étonné. Remonte la mémoire de sorties par un bel itinéraire qui
de Chamalières, m'emmenait à Montjuzet, Durtol, Royat puis retour,
ou d'une matinée à Annecy le long du lac, le lendemain d'une date
avec Delano. Ensuite, nous étions allé nous balader avec le reste
du groupe dans des coins de la ville que j'avais repéré. Matt
m'avait signalé qu'il fallait que je songe à acheter un pantalon à
ma taille.
Je n'ai donné que deux
concerts avec Wrong Canadians, je pense donc m'en souvenir mieux que
de la sortie d'aujourd'hui. Mais du concert d'Annecy, je garde peu :
j'ai joué trois notes de violoncelle à la balance, mon clavier
maître est tombé – pendant « Between Day & Night »
je crois –, nous n'avons pas trouvé le macumba. Le jour d'après
m'est beaucoup plus resté, mais est-ce parce que nous avons passé
une journée de day off ensemble, une journée inédite, chaleureuse,
aux tensions mesurées, ou est-ce parce que j'avais oxygéné mes
synapses et mon âme par ce qui fut la première sortie de deux
heures de ma vie ?
Je peux réfléchir à ce
genre de choses en courant. Et je peux réfléchir à ce genre de
choses en réfléchissant sur la course à pied.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire