dimanche 28 juin 2015

Porte-bidon


Mes pensées, depuis l'ouverture de cette partie publique de mon activité de diariste, tournent avec une intensité accrue autour de l'écriture.
Il s'écrit, parce que journal voué à la préparation d'un marathon, à côté du reste. Dès son idée, puis en le lançant – l'intervalle fut court entre ces deux moments –, il se devait d'être différent de ce que je reporte dans des carnets depuis des lustres maintenant, activité scripturaire doublement nécessaire, à la fois hygiénique et laboratoire.
Ce journal-ci n'est plus le journal, il est ce journal. Pour moi, à chaque mot proposé, l'enjeu en est différent. Il a une direction, ou du moins un titre. Il est écrit pour être lu. Il demeure écriture investie d'intimité, mais donnée à lire et donc relue par moi d'un œil différent.
Dans le moment de l'écriture première puis dans celui de l'écriture seconde, la relecture, il appelle de ma part des gestes dont la nouveauté m'interroge. Depuis que je poste, en m'efforçant de conserver une forte part de premier jet, je succombe à la tentation de relire ce qui a déjà été publié et d'en enlever les répétitions, les lourdeurs, les étroitesses et les adverbes. En ce sens, j'ai du mal à le reconnaître comme un journal.

Pourtant, c'en est un, intitulé comme tel. Et l'espace que je lui permet de recherche dans l'écriture, comme dans le présent post – qui tient plus de la réflexion que de la recherche, d'ailleurs –, en fait un laboratoire autre, inédit.
Sans doute est-ce cet inconnu concret, en brouillant l'essentiel de mes repères diaristes, qui me tient aussi alerte en ce début d'expérience, le fait de sélectionner les informations et les mots, même si je le fais de la façon la moins serrée possible.

*

Ce matin, sortie ludique au lendemain de mon ultime concert avec Wrong Canadians. Ayant bu un nombre rassurant de bières la veille et considérant la chaleur du jour, j'avais prévu une séance courte à échauffement soigné pour prévenir toute contracture de déshydraté, puis trot léger dans les escaliers de Longchamp, montées et descentes, ce qui fut fait dans une sudation intense.
J'ai ressorti du placard – au sens propre – ma ceinture porte-bidon, dont je conservais un souvenir de confort et que je voulais utiliser sur du court avant d'en dépendre sur du long. L'intelligence de la conception de ce truc acheté une bouchée de pain il y a des années m'a encore étonné. Remonte la mémoire de sorties par un bel itinéraire qui de Chamalières, m'emmenait à Montjuzet, Durtol, Royat puis retour, ou d'une matinée à Annecy le long du lac, le lendemain d'une date avec Delano. Ensuite, nous étions allé nous balader avec le reste du groupe dans des coins de la ville que j'avais repéré. Matt m'avait signalé qu'il fallait que je songe à acheter un pantalon à ma taille.
Je n'ai donné que deux concerts avec Wrong Canadians, je pense donc m'en souvenir mieux que de la sortie d'aujourd'hui. Mais du concert d'Annecy, je garde peu : j'ai joué trois notes de violoncelle à la balance, mon clavier maître est tombé – pendant « Between Day & Night » je crois –, nous n'avons pas trouvé le macumba. Le jour d'après m'est beaucoup plus resté, mais est-ce parce que nous avons passé une journée de day off ensemble, une journée inédite, chaleureuse, aux tensions mesurées, ou est-ce parce que j'avais oxygéné mes synapses et mon âme par ce qui fut la première sortie de deux heures de ma vie ?

Je peux réfléchir à ce genre de choses en courant. Et je peux réfléchir à ce genre de choses en réfléchissant sur la course à pied.

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